Une heureuse initiative cette renaissance de Magalie, sous la houlette de François GAUTRET & Gérard BROCHARD, experts en charpente navale, avec le soutien précieux de membres de l’Amicale tout aussi enthousiastes de voir reprendre forme cet Olonnois dont le seul élément restant était la quille en fonte. Projet de longue haleine qui permet à des jeunes en enseignement de voir au plus près la mise en oeuvre des techniques déployées pour obtenir à la finale, une parfaite réussite de cette belle réalisation.
Histoire de coeur d’un bateau patriotique qui passa du bleu au blanc et enfin au rouge
Durant l’été 1994 j’étais quasiment abandonnée dans un petit port aux environs de Toulon, posée sur 4 tonneaux de 200 litres, dépouillé de mes voiles, mat, moteur et gouvernail j’étais vouée à la destruction…dans les 48 heures…moi qui n’avait qu’une trentaine d’années.
Par un beau matin d’été un vacancier passait par là ; j’ai tout de suite vu dans ses yeux tout le charme et la joie qu’il m’apporterait, tout en réalisant son rêve. Mais pour ce dernier, beaucoup de problèmes, il fallait faire vite si je voulais être sauvée : comment faire pour trouver mon ancien propriétaire ?
Personne ne le savait, j’étais ignorée de tous Tenace ce vacancier lia très vite connaissance avec un vieux marin pêcheur prêt à partir, il embarqua donc pour une partie de pêche. Et là miracle le propriétaire fut enfin trouvé.
Les négociations ne traînèrent pas. Je fus vendue ! parking sur le terre-plein du port mais le Jura s'est pas la porte à côté, trouver un transporteur...galère moi qui n'avais connu ni les neiges ni la montagne à 700 km de la Méditerranée. Quel voyage !
Mon nouveau patron, avec une formation d'ébéniste/menuisier mais pas de marine, me fit quelques réparations durant l'automne hiver 1994 avec 2 ou 3 amis.
Je pouvais revivre ... mais que cela fut compliqué pour ces novices de la voile que nous étions avec Maurice Grandvoinet & Fred Javaux. L'essai des voiles fut laborieux : l'étai était trop court, ma corne avait disparu dans la bagarre.
Enfin je pouvais rejoindre mon élément mais...un étang d'eau douce celui de Bouverans près de Frasne, destiné au ski nautique. Beaucoup de monde était là.
Mon patron trop pressé en oublia d'installer le safran, difficile pour me diriger.
« Essayez-vous d'installer un safran le canote dans l'eau ».
Heureusement en combinaison des copains skieurs purent plonger et installer la barre. Mais l'eau entrait à flot de partout.
Imaginez-vous ces trois montagnards, l'un aux voiles, l'autre à la barre le troisième qui écopait énergiquement car l'eau passait le plancher.
Ni une ni deux, je fus échoué sur la rive. Trop sèche, on voyait le soleil à travers mes bordées, à la nuit tombée, à la lampe de poche mes 3 novices n'auscultaient, me chevillaient, me calfataient avec... de la ficelle à maçon.
Le 2ème essai fut bien meilleur, sans oublier le safran cette fois, malgré une halte forcée d'une heure par la gendarmerie, le 4x4 et la remorque n'ayant ni assurance ni vignette....
Mon capitaine rêvait d'espace de vacances et de pêche, direction Angles en Vendée à 1000 km surremorque pour l'été 1995, août exactement, et location d'un mobil-home. Mais à mon arrivée à La Tranche je ne vis pas la mer... et oui point de marée basse en Méditerranée ainsi on navigue à toute heure.
Avec 15 jours de vacances ce n'est pas possible de sortir seulement 4 heures par jour. « Allez donc voir à Jard ». Pas de place au port. Il fallait donc filer sur Port Olona et là, quel étonnement de voir quatre barcasses, comme il disait à l'époque, côtes à côtes, mes jumeaux identiques ou presque.
Aussitôt un grand coup sur l'épaule de la part de Gégé le broc « Si t'as un Olonnois et bien ramène le ici ».
Il était entré dans la confrérie des Olonnois ou plutôt l'Amicale dans un tourbillon : passage à la capitainerie, rendez-vous pour le lendemain à 6 heures avec Lionel Régnier (qui à l'époque tenait le ship «Mille Sabords »), Michel Célié, Alain Blé, Luc Favennec pour me ramener sur mon lieu de naissance, les Sables d'Olonne... sur la mer Atlantique, comme on dit dans la chanson.
Mon Franc Comtois de capitaine ne fit que regarder s'activer mes futurs potes. J'étais amarré au ponton H, quel bonheur. Je retrouvais vie. Les aventures n'allaient pas cessées pour autant mais l'Olonnois est bien né, c'est un bateau marin même pour un jurassien.
Le moteur Bernard à lanceur de tronçonneuse a dû être changé pour un diesel avec démarreur électrique, alternateur mais...poulie de machine à laver, un vrai moteur au son de R16. J'avais même l'électricité à bord et un feu en tête de mat.
Pour autant les anecdotes ne s'arrêtèrent pas car le « capitaine n'était pas trop fier » : il y eut le feu à bord vers les Barges, car le moteur avait un échappement percé. Cela n'empêcha pas de « prendre une palanquée de tacots ». Puis je m'ensablais à marée descendante près de la tour d'Arundel avec des cargos qui me frôlaient.
Les histoires de pêche méritent aussi d'être contées : quoi de plus facile que de pêcher vers les Barges vent arrière sans se rendre compte du vent qui forcit, c'est alors qu'il faut virer entre deux vagues moins hautes mais le moulinet croche et part à la mer.
Fi ! de Franc Comtois, le lendemain je reviens sur les lieux ...pour n'y retrouver que le dentier du patron !
« Ordre était donné à Luc Favenec de me prêter si besoin pour l'Amicale »
Michel Gô me fit ensuite un beau pont latte et mon patron un mât fait de ses propres mains. Je naviguais ensuite avec Philippe Vitasse, dit Phiphi, pendant plusieurs saisons. À la suite de Xynthia, la dernière anecdote était une rentrée au port rapide. Car assis à la barre Phiphi s'enquit qu'il est peut-être anormal de voir la mer à travers le bordé de la proue ! Depuis 2011 nous faisons route maintenant avec Jean Pierre Vincent, le musicien émérite guitare et Harmonica du groupe de chant.
Articles de presse sur Magalie
Ces passionnés restaurent des bateaux emblématiques des Sables-d’Olonne
Depuis 1964, l’Amicale des Olonnois réunit des propriétaires de ce bateau emblématique des Sables-d’Olonne (Vendée). L’association veille en ce moment sur Magalie, qu’elle reconstruit à partir d’une coque usée par le temps.
L’amicale des Olonnois est devenue propriétaire de Magalie. Cette coque de 4,85 mètres en bois a connu bien des vies avant son arrivée dans le hall du village nautique aux Sables-d’Olonne (Vendée). « Elle a été retrouvée entreposée sur quatre bidons en Méditerranée où son ancien propriétaire affectionnait la navigation, puis à son décès, le bateau est parti dans le Doubs où son nouveau propriétaire a restauré la coque », détaille le président de l’Amicale des Olonnois, Loïc Ourgaux. Après des essais sur des lacs du Jura, le voilier rejoint la Vendée sur une remorque à la faveur d’un séjour de vacances. C’est là que son barreur découvre l’existence d’une flottille de bateaux similaires.
Refaire le bateau à l’identique
« L’Olonnois est un véritable monotype, poursuit Loïc Ourgaux. Il y a des modèles avec rouf ou sans rouf, mais la longueur est toujours la même. » Atteint par une certaine limite d’âge, cet Olonnois voyageur va s’offrir une cure de jouvence dans l’atelier de l’association. « L’idée, c’est de refaire un bateau à l’identique mais en reprenant toutes les cotes des pièces. »
Deux ans de travail
Un travail minutieux qui plaît tout particulièrement à François et Gérard, les charpentiers de l’association. Il y en a au moins pour deux ans de travail, pour mener le chantier à bien. Le projet passe par l’achat du bois et l’équipement du bateau. L’association cherche aussi un budget pour compléter la garde-robe et la mâture bien fatiguée de Magalie.
Du bois de la forêt d’Olonne
Le chantier est un peu nouveau pour l’Amicale des Olonnois qui a plutôt l’habitude de réaliser des réparations sur ces élégants voiliers représentatifs de la Belle plaisance.« Nous tablons sur un coût estimé entre 12 à 14 000 € », calcule Pierre Monnet, membre de l’association qui est à la recherche de financement.
Car, quand, les charpentiers auront démonté pièce après pièce et dessiné chacune d’elles sur des gabarits, il faudra acheter du bois pour reconstruire tout comme neuf.« Nous avons déjà prévu de nous procurer de l’acacia, c’est une des essences qui peut être pliée quand on la passe à l’étuve », poursuit Loïc. L’Amicale des Olonnois pense se fournir en forêt d’Olonne où il faudra choisir les bons arbres sans nœuds. Un gage de robustesse des futures pièces.
Perpétuer le savoir-faire
L’originalité du chantier, c’est aussi de consigner toutes les opérations dans un livre de bord. « Nous voulons faire un chantier école où chacun pourra comprendre comment construire un Olonnois. » Un ouvrage de référence pour perpétuer le savoir-faire de la construction de ces bateaux de pêche promenade.
Jean-Marie LE PROVOST.
Publié le 03/10/2023 à 07h30
Aux Sables-d’Olonne, un Olonnois neuf en construction
Les défenseurs du petit voilier traditionnel réalisent une coque neuve. Un chantier école pour percer les secrets de la charpente navale à l’ancienne.
L’Amicale des Olonnois a lancé un chantier de reconstruction d’un Olonnois. Cet emblématique modèle de bateau pêche-promenade de 5 mètres construits par Clément Dubernet dans les années 60. C’est une première pour l’association de propriétaires qui vise le développement d’une flottille de bateaux traditionnels. Ces petits canots allient le programme d’un bateau conçu pour la pêche récréative côtière et le charme d’une unité de belle plaisance.
Après avoir récupéré un bateau témoin, le Magalie, les bénévoles commencent à rentrer dans la phase de construction. « Il s’est déjà écoulé environ trois mois et demi, depuis le début du projet. Nous avons passé un mois et demi à prendre les cotes de l’ancien canot, puis deux mois de construction », résume Pierre Monnet, de l’Amicale des Olonnois.
Pièce par pièce, l’équipe a utilisé un laser pour réunir toutes les données sur un plan à l’échelle du futur bateau. Puis, à partir de gabarits réalisés en contre-plaqué, les éléments neufs ont pu être débités.
L’équipe accompagnée par ses deux charpentiers de marine a posé la quille en iroko, l’étrave et l’étambot. Ce sont les pièces maîtresses, pour la plupart sous la ligne de flottaison qui vont servir à la réalisation du squelette du bateau et de la coque. Retourné, le bateau a été positionné sur des arceaux temporaires en bois. Une manœuvre nécessaire pour poser les bordés qui constituent l’extérieur de la coque. La phase suivante sera celle de la pose des membrures en robinier. Des pièces qui constituent l’armature, à l’intérieur de la coque.
Jean-Marie LE PROVOST.
Publié le 20/12/2023 à 17h45
Les lycéens de la classe de voile coachés par les Olonnois aux Sables-d’Olonne
Vendredi 17 mai 2024, les élèves de la classe de voile du lycée Sainte-Marie-du-Port ont rencontré l’Amicale des Olonnois pour échanger sur le monde nautique.
Des visiteurs pas comme les autres sont venus dans l’atelier de l’Amicale des Olonnois, vendredi 17 mai. Il s’agissait des élèves de la classe de voile du lycée Sainte-Marie-du-Port. Répartis en plusieurs groupes, les 19 lycéens sont venus rencontrer les membres de l’Amicale pour un moment de transmission de savoirs.
Découverte du monde maritime
Ce matin-là, ils ont pu découvrir le bateau en construction Magalie. Jadis, il voguait sur le lac de Genève. Ses propriétaires sont ensuite venus à Port-Bourgenay et se sont rendu compte qu’ils possédaient un Olonnois. Après leurs décès, l’amicale a hérité de Magalie, presque au fond du port. Il a fallu le renflouer. Son mauvais état les a décidés à le reconstruire à neuf pour que tous les membres sachent comment réparer un Olonnois. Il est en chantier depuis septembre, deux ans de travaux sont encore prévus.
Un autre groupe de jeunes de la classe de voile a pu aller en mer à bord de l’Esprit d’équipe. Les Olonnois ont enfin pu montrer la fabrication de bateaux en carton d’environ 2,50 m sur lesquels ils naviguent lors de régates.
« Chaque année, les élèves volontaires de seconde donnent forme à ce projet de classe de voile, détaille Renaud de Pradel, enseignant en informatique. Un après-midi y est consacré chaque semaine. Les buts poursuivis sont la navigation en autonomie, l’esprit de solidarité et la culture maritime locale. » Des cours pratiques et théoriques leur sont dispensés par Les Sports nautiques sablais
PETIT CROISEUR DES ANNÉES 1960
Magalie sauvée des eaux
› Amicale des Olonnois, une association regroupant des propriétaires du monotype dessiné par Clément Dubernet, s’est lancée à l’automne dernier le défi de « sauver un Olonnois mais aussi préserver et transmettre les savoir-faire de la charpenterie de marine », annonce Pierre, l’un de ses membres.
Magalie, construit en 1974, est entièrement à refaire. Racheté par l’association en 2022, cet Olonnois était connu des bénévoles, car il était basé aux Sables-d’Olonne depuis la fin des années 1990. « Ses anciens propriétaires, membres de l’association, l’ont récupéré à Toulon en 1994 et s’en sont occupés jusqu’en 2019. Après leur décès, bien que des gens s’y soient intéressés, le bateau a été laissé à l’abandon», ajoute Pierre.
Les bénévoles sont partis pour une véritable reconstruction, car il ne devrait rester que le lest en fonte d’origine après les travaux. Menée par deux charpentiers de marine professionnels, une équipe de huit bénévoles travaille trois fois par semaine pendant environ quatre mois – le chantier sera terminé d’ici deux ans. Actuellement, la pose des bordages est en cours. L’association recevra au fil des travaux photographes et vidéastes pour documenter le chantier, ainsi que des enfants des écoles. # M. L.-C.